S’installer dans un cabinet privé se prépare et ne s’improvise pas, il faut un certain travail de préparation avant de pouvoir se lancer et il faudra se poser plusieurs question :
- Où s’installer ?
- Avec quel équipement
- Faut il un logiciel de cabinet ?
- Quelle sont les procédures à suivre et les aides de l’état ?
- Comment faire sa comptabilité ?
- Comment annoncer l’ouverture du cabinet ?
Financement du cabinet:
Le budget pour un cabinet d’ophtalmologie dépasse allègrement 100 000 dt et il faut en plus prévoir un fond de roulement pour affronter les premier mois le temps de se constituer une patientèle.
La BTS offre un taux d’intérêt à 8 % contre environ 12 % chez les banques commerciales. Les fonds propres représentent environ 30 % de la valeur du prêt, la BTS vous les prête à taux zéro contrairement aux banques commerciale qui exigent cette somme en apport propre. Malheureusement, il faut prévoir 4 mois environ entre la demande et le déblocage du prêt par la BTS.
Aides de l’état :
Il faut impérativement passer par l’agence de promotion de l’investissement (API) dont vous dépendez territorialement.
Il faut absolument visiter cette agence et se renseigner avant d’ouvrir une patente auprès de la recette des finances pour ne pas perdre vos avantages fiscaux.
Les avantages qu’on peut obtenir sont la réduction de la TVA sur l’achat des équipements de 19 % à 8 % et une exonération fiscale durant 4 ans à partir de la date d’entrée en activité. Il est nécessaire de prévoir des devis datant de moins d’un mois avant votre passage à L’API, les même devis devraient servir pour une éventuelle demande de prêt.
On peut également avoir recours au contrat karama ou sivp pour que l’état se charge d’une partie du salaire et des charges sociale de la secrétaire pour un maximum de deux années.
Comptabilité
Faut il un expert comptable pour le cabinet ? probablement oui ils sont chers mais vous rendent certains services et vous aiguillent.
Mon expert comptable (ou plutôt son assistante) m’a remplit mes déclarations fiscale mensuelle et annuelle, m’a obtenu mon attestation d’entrée en activité de l’api et enfin mon attestation d’exonération fiscale auprès du bureau de contrôle fiscal.
Sur leurs conseils j’ai également obtenu une attestation pour être exonéré du prélèvement à la source auprès de la CNAM.
Il est probable que j’y serais arrivé tout seul et gratuitement si on m’avait donné la marche à suivre, mais personne ne l’a fait.
Faire connaître le cabinet :
D’abord, il faut distribuer énormément de cartes visites, visiter toutes les pharmacies et les cabinets médicaux de son secteurs sans oublier les opticiens.
Inutile de vous expliquer l’importance de vous présenter à vos collègues spécialistes et généralistes travaillant dans le même secteur, il est important de se faciliter mutuellement la vie avec des coups de fils, des courriers lisibles et parfois un suivi commun des patients (diabéto, neuro, pédiatrie) . Un médecin ne travaille jamais seul même dans les spécialités en accès direct comme l’ophtalmologie, il faut donc « travailler son réseau » . Adhérer à l’STML et participer aux réunions locales est un bon moyen de connaître ses collègues et de son tenir bien informé de l’actualité ( dieu sait qu’il est important d’être sur ses gardes avec des journalistes peu scrupuleux, des magistrats trop expéditifs et des taxes qui tombent du ciel ).
Rapports avec les opticiens :
Les opticiens sont des partenaires importants qui sont parfois les premiers à entrer en contact avec vos patients. Ce qui fait un opticien content c’est des patients bien équipés, bien corrigés qui ne font pas de réclamations et c’est la même chose pour l’ophtalmologue donc autant bien s’entendre! Il est donc important de communiquer avec eux dans l’intérêt du patient … et il faut reconnaître que c’est parfois de bon pourvoyeurs de patients. Par contre ne pas oublier de respecter le secret médical et insister sur votre rôle de prescripteur exclusif notamment en contactologie.
Réfractionniste d’abord mais pas seulement!
Il est primordial de faire de bonne réfractions dans les règles surtout pour les enfants et les équipements en verres progressifs parfois très onéreux. Il faut surtout éviter les erreurs courantes comme sur corriger les presbytes et négliger la cycloplégie pour les premiers équipements chez les enfants.
Des formations existent dont celles assurées par Dr Phillipe Morizet venu récemment en Tunisie.
Médecine 2.0
Il est largement recommandé d’ « exister » sur les réseaux sociaux. Il est nécessaire de créer un profil pro pour séparer vie privée et professionnelle et pour présenter le cabinet et vous même. Il s’agit de travailler sa notoriété, mettre en avant ses activités et ses compétences et créer du contenu dirigé vers les patients . Le but n’est pas d’avoir plus de fans (sinon les vidéos de chats et de bébés seraient plus appropriées) mais des patients bien informés et accessoirement plus nombreux et fidèles.
Il faut aussi référencer votre cabinet sur Google Map pour être localisable et figurer dans les résultats Google.
Enfin pourquoi pas créer son site web ? Moi je l’ai fait d’ailleurs vous êtes sur mon site : www.docteur.souguir.tn
Concernant les annuaires médicaux, tous les ophtalmologues y figurent par défaut car les données issue de l’ordre des médecins sont publiques et libres d’accès. Chacun a son avi sur la question et les différents annuaires fonctionnent différemment, mais personnellement je recommande de bien rédiger sa fiche et de gérer son profil et ne pas se contenter du profil généré automatiquement ça ne coûte rien et ça peut être « utile ». Attention toutefois à certaines pratiques clairement anti-déontologiques comme payer pour figurer en tête des recherches d’un annuaire ça s’apparente à acheter un espace publicitaire et c’est donc interdit même si on vous dit le contraire.
Faut il un logiciel de gestion de cabinet ?
Le logiciel de gestion de cabinet offre plusieurs fonctionnalités : comptabilité, gestion salle d’attente, dossier dématérialisé, agenda ect
Les logiciels vous faciliteront la vie. Choisir de préférence un logiciel qui se connectera à vos équipement (entrée automatique des données de réfraction) car cela vous évitera des entrées de données chronophages et source d’erreurs. L’inconvénient c’est le coût qui est variable selon le logiciel.
Et la CNAM ?
(Mise à jour: une nouvelle convention viens d’être signée le 8/11/2020 elle est encore très contestée et cet article n’en tient pas compte, veuillez vous renseigner auprès de vos collègues pour plus de rensignements)
La cnam c’est à la fois une bénédiction et une malédiction, nous sommes des médecins libéraux et nous ne somme liés à la CNAM que par une convention qui doit être mise à jour tous les trois ans. Cette convention est encore valable pour une année mais n’est malheureusement plus respectée par les deux parties conventionnées.
Dans le meilleur des mondes les médecins pourraient aligner leurs honoraires sur l’inflation et la CNAM devrait suivre de façon satisfaisante et sans retard excessif. Ce n’est pas du tout le cas car la CNAM n’a pas révisé les grilles et les plafonds de remboursement depuis 12 ans et en pratique le tiers payant n’existe plus (le carnet rouge pour la filière médecin de famille).
Les patients de cette filière sont désormais obligés de payer de leur poche soit la totalité de la consultation soit une partie alors qu’avant ils devaient juste payer le ticket modérateur dont ils étaient exonérés en cas de maladie chronique de la liste des APCI. Contactez les médecins de votre secteur ou la section locale du STML pour connaître leurs habitudes avec la CNAM. Il est toujours possible d’accepter le système du tiers payant mais il faut s’équiper d’un logiciel, connaître les cotations et transmettre régulièrement des bordereaux à la CNAM (au plus tard à deux mois de la consultation) . Faute d’accord avec la CNAM, le coût du ticket modérateur est désormais fixé collégialement par les médecins eux même dans le cadre du STML. Il faut noter que la plupart des ophtalmologues n’acceptent plus le tiers payant (se faire payer une partie de la consultation par la CNAM) mais c’est à vous de décider selon le profil de vos patients.
La Cnam avait été une très bonne chose à ses débuts elle a pu élargir l’accès à la médecine privée et permettait aux patients de se faire traiter sans se ruiner. Malheureusement la fourchette ordinale s’écarte peu à peu de la grille de la CNAM sans que cette dernière ne se décide à prendre en compte l’inflation galopante depuis 12 ans et l’augmentation du coûts des soins. La CNAM est aussi un très bon outil de lutte contre l’évasion fiscale, ce qui est une bonne chose bien-sûr.
Les cotations sont un moyen pratique d’améliorer le remboursement dont bénéficient vos patients ou même vos propres revenus on additionnant la cs (consultation spécialisée) avec certains actes, celà est largement justifié par le caractère chronophages, le service additionnel rendu au patient et par l’investissement nécessaire en matériel (tonomètre à air par exemple).
Les actes peuvent s’additionner comme suivant
cs+fo
cs+fluoroscopie+kératométrie
cs+tonométrie à l’air
ou cs+ gonioscopie
lien pour les différentes cotations et leurs tarifs :
Veuillez noter qu’une une seule consultation annuelle APCI 01 ou 05 peut être acceptée par la cnam, pour l’APCI 23 (glaucome) c’est une plutôt une consultation trimestrielle.
CNAM et lunettes:
Pour permettre au patients d’obtenir 50 dinars pour l’achat de leurs lunettes :
-Filière médecin de famille ou remboursement de soins: Remplir un bulletin de soin en notant vos honoraires ou en mettant « gratuit » dans la case honoraires si vous pratiquez le tiers payant (ne pas compter le ticket modérateur).
-Remplir l’imprimé ap3 pour la filière publique (pas de remboursement possible de la consultation).